Thiédel Mbaye, est une artiste griotte qui mélange acoustique et musique moderne. Pour son deuxième album intitulé « Almoudo » (mendiant), la diva à la voix d’or lance un appel pour la formation et l’intégration des jeunes mendiants dans la société. Une nouveauté de huit titres dont trois morceaux dédiés à ses milliers de fans. Dans un entretien exclusif, Thiédel Mbaye parle de la réussite de son deuxième album, de ses projets futurs et sur bien d’autres innombrables problèmes que rencontrent les artistes locaux
QDN : Vous venez de sortir un nouveau album intitulé ‘‘Almoudo’’ disponible actuellement sur le marché, pourquoi le choix de ce titre ?
Thiédel Mbaye : « Almoudo » est une lutte contre la mendicité, car étant mère de famille, je vois des petits mendiants errer dans la rue, qui sont mal entretenus, n’ont pas d’éducation. Cela m’a fait mal au cœur, c’est pourquoi j’ai composé cette chanson histoire de dire à nos chers marabouts de prêter attention à la formation des jeunes mendiants et à leur encadrement, au lieu de les laisser tanguer de maison en maison, pour demander l’aumône.
QDN : Quels sont les autres thèmes abordés dans l’album ?
Thiédel Mbaye : Il y a un morceau intitulé « unité nationale » que je chante. Permettez-moi de profiter de votre micro pour dire que je lance un appel à l’Unité nationale à l’adresse du peuple mauritanien dans sa diversité culturelle, afin que toutes les communautés soient solidaires. Ceci dit, vous aurez remarqué qu’il y a aussi un autre morceau nommé « Gorko » que je chante également, car à mon avis, une femme doit connaître sa valeur. Figure, un autre titre non moins important, nommé « Fouta ». Il explique comment les gens vivaient autrement au Fouta et je précise que le texte est une composition de Ibrahima Moktar Sarr . Sachez que dans ce nouvel album, se trouvent deux ou trois chansons authentiquement traditionnelles qui sont des louanges à mes fans. L’enregistrement a été fait à Nouakchott au studio 118, le mixage à Paris et la duplication à Dakar.
Un album 100% acoustique, on dirait ?
Je mélange l’acoustique et le moderne, mais je tire plus sur l’acoustique, car c’est tout ce qui marche aujourd’hui. J’essaie de révolutionner « le Yéla », car « le Yéla » ne peut pas carrément se moderniser, mais moi, ma vision est de le moderniser, disons, de faire un mariage entre le moderne et le traditionnel.
Quelle est la différence entre les deux albums ?
La différence est que cet album est mieux préparé que le précédent. Il est vrai que la préparation a duré un an et demi, mais c’était une question d’expérience.
Le premier album, j’avoue qu’il n’a pas bénéficié du temps qu’il lui fallait, ni d’une large campagne de promotion, parce que tout simplement nous avions besoin d’un produit sur le marché. Raison pour laquelle les ventes ont été en deçà de nos espoirs, car comme je l’ai dit tantôt, la promotion nous a fait défaut. Cette expérience du premier album, nous en avons tiré des leçons pour bien travailler le deuxième album pour mieux le vendre financièrement. Personne ne nous a produit, nous avons injecté notre propre argent, c’est pourquoi nous lui avons consacré le temps nécessaire pour mieux faire sa promotion.
Vous voulez dire que vous n’avez reçu aucune aide pour sa réalisation ?
Je n’ai reçu aucune aide, sauf de petits appuis, de personnes de bonne volonté. Sinon que ma bourse personnelle a permis de réaliser ce deuxième album.
Combien de CD ont été lancé sur le marché ?
Nous avons produit 1500 CD, parce que notre peur était double : le piratage et le prix. Vous n’êtes pas sans savoir que les artistes mauritaniens comme partout ailleurs sont régulièrement victime du phénomène du piratage. Raison pour laquelle ils sont appauvris, malgré tous les efforts qu’ils déploient pour vivre de leur produit dignement. Quant au prix, je suis sûr que mes fans et les amoureux de la musique comprennent toutes les auxquelles nous faisons face pour sortir un produit de qualité dans un environnement jalonné d’obstacles.
1500CD, plutôt mince pour une artiste de votre renommée ?
J’ai eu une petite surprise à vous révéler. Lorsqu’on a terminé d’enregistrer l’album, j’ai chanté mon marabout Thierno Aliou Thiam, un ami, un oncle. Quand le single est passé à la télé, il a été le premier à réagir, il m’a demandé de lui fournir 1000 CD à 2500FCFA (1500UM), l’unité, pour ses talibés. Ça a été pour moi une grande surprise. Nous avons récolté sur le champ 2.500.000 CFA (1.300.000 UM), avant même de terminer la duplication. Donc à ce moment précis où je vous parle (mercredi 03-02-2010, ndlr), on a vendu les1500CD, et mon chef d’orchestre est reparti ce matin à Dakar pour faire une autre duplication. C’est pour vous dire que seul le travail paie, et sur ce plan nous savons que nous avons beaucoup travaillé.
Avec tout ce manque à gagner, comment arrivez-vous à payer vos musiciens et quels sont les problèmes des artistes locaux pour produire régulièrement ?
Les musiciens, sont payés au contrat. Quant au problème des artistes, c’est le manque de moyens. Il faut que les gens prêtent attention à cela, même si quelqu’un ne peut pas nous donner un appui financier, si on sort un CD, ils n’ont qu’à payer le prix, même si c’est 1000 ou 1500UM, c’est déjà un soutien. Nous n’avons pas de revenus fixes. Nos artistes ont du mal à vivre de leur art, or ce n’est pas normal. Les pouvoirs publics doivent leur accorder une attention particulière. Certes que le ministre a commencé à structurer les artistes sous forme de bureaux, que le département donne de petites subventions çà et là, mais cela ne suffit pas.
Au risque de me répéter, je le redis encore une fois, les artistes ont des problèmes financiers. Autant le ministère que le public doit être conscients de cette situation calamiteuse qu’ils vivent et y prêter attention. Le ministère est entrain de faire ce qu’il peut pour structurer les artistes et financer leur travail, mais aussi la population doit prêter attention aux œuvres que nous sommes entrain de faire.
Le ministère ne peut pas grand-chose pour les artistes, mais les artistes doivent apprendre à vivre de leur art, sans l’aide de l’Etat.
Parce que la culture, peut nourrir un artiste, mais il faut que les artistes aussi soient prudents et apprennent à gérer l’argent qu’ils gagnent dans les concerts et autres. Les artistes, c’est la société surtout qui ne les aide pas, mais ce sont des jeunes qui ont beaucoup de talents, qui veulent travailler, mais quand tu n’as pas de moyens, tu ne peux pas faire un produit. Un produit demande de gros moyens. Moi mon produit m’a coûté 1.850.000 francs CFA (900.000UM), et c’est mon propre argent, il n’est pas évident qu’un jeune artiste puisse avoir ces moyens. Donc c’est les moyens qui les manquent, pas le talent. La société n’à qu’à aider ses jeunes artistes qui veulent travailler et qui ont du talent, mais ne manquent que de soutien.
Des concerts, des tournées… ?
On a des projets pour faire un concert dédicace en Mauritanie et à Dakar aussi. On projette aussi de faire une tournée dans tout le pays, avant le mois de juillet.
Quel message lancez-vous au ministère de la culture et surtout aux jeunes musiciens. ?
Je demande au ministère d’aider les artistes, car ils n’ont que le ministère de la culture comme soutien. Ils n’ont qu’à faire quelque chose pour les artistes. Si les artistes viennent demander de l’aide, ils n’ont qu’à étudier leur dossier et les financer, car ils ont les moyens. Ils n’ont qu’à prendre conscience du travail que les artistes sont entrain de faire. Ils n’ont qu’à créer des structures pour que les artistes avancent. Nos jeunes artistes doivent aussi redoubler d’effort et travailler et surtout composer de bonnes chansons qui peuvent être utiles à la population et à la société, mais surtout, ils doivent bouger et aller vers la population.
Propos recueillis par Dialtabé
Source: Quotidien Nouakchott
QDN : Vous venez de sortir un nouveau album intitulé ‘‘Almoudo’’ disponible actuellement sur le marché, pourquoi le choix de ce titre ?
Thiédel Mbaye : « Almoudo » est une lutte contre la mendicité, car étant mère de famille, je vois des petits mendiants errer dans la rue, qui sont mal entretenus, n’ont pas d’éducation. Cela m’a fait mal au cœur, c’est pourquoi j’ai composé cette chanson histoire de dire à nos chers marabouts de prêter attention à la formation des jeunes mendiants et à leur encadrement, au lieu de les laisser tanguer de maison en maison, pour demander l’aumône.
QDN : Quels sont les autres thèmes abordés dans l’album ?
Thiédel Mbaye : Il y a un morceau intitulé « unité nationale » que je chante. Permettez-moi de profiter de votre micro pour dire que je lance un appel à l’Unité nationale à l’adresse du peuple mauritanien dans sa diversité culturelle, afin que toutes les communautés soient solidaires. Ceci dit, vous aurez remarqué qu’il y a aussi un autre morceau nommé « Gorko » que je chante également, car à mon avis, une femme doit connaître sa valeur. Figure, un autre titre non moins important, nommé « Fouta ». Il explique comment les gens vivaient autrement au Fouta et je précise que le texte est une composition de Ibrahima Moktar Sarr . Sachez que dans ce nouvel album, se trouvent deux ou trois chansons authentiquement traditionnelles qui sont des louanges à mes fans. L’enregistrement a été fait à Nouakchott au studio 118, le mixage à Paris et la duplication à Dakar.
Un album 100% acoustique, on dirait ?
Je mélange l’acoustique et le moderne, mais je tire plus sur l’acoustique, car c’est tout ce qui marche aujourd’hui. J’essaie de révolutionner « le Yéla », car « le Yéla » ne peut pas carrément se moderniser, mais moi, ma vision est de le moderniser, disons, de faire un mariage entre le moderne et le traditionnel.
Quelle est la différence entre les deux albums ?
La différence est que cet album est mieux préparé que le précédent. Il est vrai que la préparation a duré un an et demi, mais c’était une question d’expérience.
Le premier album, j’avoue qu’il n’a pas bénéficié du temps qu’il lui fallait, ni d’une large campagne de promotion, parce que tout simplement nous avions besoin d’un produit sur le marché. Raison pour laquelle les ventes ont été en deçà de nos espoirs, car comme je l’ai dit tantôt, la promotion nous a fait défaut. Cette expérience du premier album, nous en avons tiré des leçons pour bien travailler le deuxième album pour mieux le vendre financièrement. Personne ne nous a produit, nous avons injecté notre propre argent, c’est pourquoi nous lui avons consacré le temps nécessaire pour mieux faire sa promotion.
Vous voulez dire que vous n’avez reçu aucune aide pour sa réalisation ?
Je n’ai reçu aucune aide, sauf de petits appuis, de personnes de bonne volonté. Sinon que ma bourse personnelle a permis de réaliser ce deuxième album.
Combien de CD ont été lancé sur le marché ?
Nous avons produit 1500 CD, parce que notre peur était double : le piratage et le prix. Vous n’êtes pas sans savoir que les artistes mauritaniens comme partout ailleurs sont régulièrement victime du phénomène du piratage. Raison pour laquelle ils sont appauvris, malgré tous les efforts qu’ils déploient pour vivre de leur produit dignement. Quant au prix, je suis sûr que mes fans et les amoureux de la musique comprennent toutes les auxquelles nous faisons face pour sortir un produit de qualité dans un environnement jalonné d’obstacles.
1500CD, plutôt mince pour une artiste de votre renommée ?
J’ai eu une petite surprise à vous révéler. Lorsqu’on a terminé d’enregistrer l’album, j’ai chanté mon marabout Thierno Aliou Thiam, un ami, un oncle. Quand le single est passé à la télé, il a été le premier à réagir, il m’a demandé de lui fournir 1000 CD à 2500FCFA (1500UM), l’unité, pour ses talibés. Ça a été pour moi une grande surprise. Nous avons récolté sur le champ 2.500.000 CFA (1.300.000 UM), avant même de terminer la duplication. Donc à ce moment précis où je vous parle (mercredi 03-02-2010, ndlr), on a vendu les1500CD, et mon chef d’orchestre est reparti ce matin à Dakar pour faire une autre duplication. C’est pour vous dire que seul le travail paie, et sur ce plan nous savons que nous avons beaucoup travaillé.
Avec tout ce manque à gagner, comment arrivez-vous à payer vos musiciens et quels sont les problèmes des artistes locaux pour produire régulièrement ?
Les musiciens, sont payés au contrat. Quant au problème des artistes, c’est le manque de moyens. Il faut que les gens prêtent attention à cela, même si quelqu’un ne peut pas nous donner un appui financier, si on sort un CD, ils n’ont qu’à payer le prix, même si c’est 1000 ou 1500UM, c’est déjà un soutien. Nous n’avons pas de revenus fixes. Nos artistes ont du mal à vivre de leur art, or ce n’est pas normal. Les pouvoirs publics doivent leur accorder une attention particulière. Certes que le ministre a commencé à structurer les artistes sous forme de bureaux, que le département donne de petites subventions çà et là, mais cela ne suffit pas.
Au risque de me répéter, je le redis encore une fois, les artistes ont des problèmes financiers. Autant le ministère que le public doit être conscients de cette situation calamiteuse qu’ils vivent et y prêter attention. Le ministère est entrain de faire ce qu’il peut pour structurer les artistes et financer leur travail, mais aussi la population doit prêter attention aux œuvres que nous sommes entrain de faire.
Le ministère ne peut pas grand-chose pour les artistes, mais les artistes doivent apprendre à vivre de leur art, sans l’aide de l’Etat.
Parce que la culture, peut nourrir un artiste, mais il faut que les artistes aussi soient prudents et apprennent à gérer l’argent qu’ils gagnent dans les concerts et autres. Les artistes, c’est la société surtout qui ne les aide pas, mais ce sont des jeunes qui ont beaucoup de talents, qui veulent travailler, mais quand tu n’as pas de moyens, tu ne peux pas faire un produit. Un produit demande de gros moyens. Moi mon produit m’a coûté 1.850.000 francs CFA (900.000UM), et c’est mon propre argent, il n’est pas évident qu’un jeune artiste puisse avoir ces moyens. Donc c’est les moyens qui les manquent, pas le talent. La société n’à qu’à aider ses jeunes artistes qui veulent travailler et qui ont du talent, mais ne manquent que de soutien.
Des concerts, des tournées… ?
On a des projets pour faire un concert dédicace en Mauritanie et à Dakar aussi. On projette aussi de faire une tournée dans tout le pays, avant le mois de juillet.
Quel message lancez-vous au ministère de la culture et surtout aux jeunes musiciens. ?
Je demande au ministère d’aider les artistes, car ils n’ont que le ministère de la culture comme soutien. Ils n’ont qu’à faire quelque chose pour les artistes. Si les artistes viennent demander de l’aide, ils n’ont qu’à étudier leur dossier et les financer, car ils ont les moyens. Ils n’ont qu’à prendre conscience du travail que les artistes sont entrain de faire. Ils n’ont qu’à créer des structures pour que les artistes avancent. Nos jeunes artistes doivent aussi redoubler d’effort et travailler et surtout composer de bonnes chansons qui peuvent être utiles à la population et à la société, mais surtout, ils doivent bouger et aller vers la population.
Propos recueillis par Dialtabé
Source: Quotidien Nouakchott