Les autorités mauritaniennes affirment avoir atteint leur objectif dans le cadre du dialogue avec plusieurs dizaines de détenus islamistes, des présumés terroristes membres de la nébuleuse Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Un bilan servi par l’imam Mohamed Moctar Ould M’Balla, conseiller du président de la République chargé des affaires islamiques, membre du comité de négociateurs, qui s’exprimait jeudi au cours d’une rencontre avec la presse nationale et internationale organisée dans les locaux du Ministère des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel, jeudi en début d’après midi.
Beaucoup de questions demeurent posée : quelle sera la prochaine étape ? Est-ce que le succès de l’opération veut dire que les détenus islamistes vont-ils être élargis ? Est-ce que le pouvoir attend de se consulter avec ses partenaires étrangers ? Est-ce que les pourparlers pour la libération des européens par Al Qaeda vont retarder le passage à l’acte ultime de la libération … ?
Les pourparlers engagés le 18 janvier dernier entre un panel d’experts des sciences islamiques dont l’action est suscitée par le pouvoir et le groupe de détenus à la prison civile située tout prés du palais de justice de Nouakchott, sous les projecteurs des médias nationaux et internationaux, ont abouti à « d’excellents résultats » selon l’imam Mohamed Moctar Ould M’Balle.
Les islamistes radicaux détenus à la prison de Nouakchott ont "majoritairement signé leur renoncement à la violence" au terme d’un "dialogue" mené par des théologiens mandatés par le gouvernement, a affirmé jeudi un porte-parole de la commission chargée de ce dialogue.
Ainsi, sur un total de 68 prisonniers islamistes présumés terroristes, 90% ont rejeté « les méthodes violentes, notamment rapts et assassinats d’occidentaux en terre musulmane. Seulement individus ont refusé d’adhérer à cette démarche collective des jeunes en
détention ».
Le conseiller du président a assuré que les détenus avaient prononcé leur "repentir face aux erreurs" qu’ils ont reconnu avoir commises, en rapport avec les concepts religieux qui fondaient leurs actions.
Il a, par ailleurs, expliqué que trois détenus seulement avaient "refusé tout dialogue" avec la commission "pour des raisons diverses" et qu’un "petit nombre parmi les prisonniers avaient accepté le dialogue, étaient revenus sur des idées reçues mais n’avaient pas signé" leur repentir.
Le débat contradictoire et de fond, portant sur les fondements de base de la vision et de la doctrine islamique, entre la commission des Oulémas et les jeunes islamistes présumés terroristes s’est déroulé dans un large esprit d’ouverture, de démocratie et une atmosphère apaisée, a précisé le conseiller du Président et porte-parole des négociateurs. Chacun des participants a pu développer ses arguments en toute liberté, écoutant en retour les contre arguments et la réplique de l’autre partie.
Ce qui a permis d’arriver au « repenti » de la quasi-totalité des détenus à l’exception notable des quelques éléments dont l’imam Mohamed Moctar Ould M’Bballe s’est abstenu de divulguer l’identité.
Toutefois, les journalistes présents ont facilement compris que le rejet du dialogue avec les autorités est le fait d’un petit groupe d’irréductibles sous la conduite du célèbre émir jihadiste, Khadim Ould Seman.
Le jour de l’ouverture des négociations, ce dur à cuir avait donné le tempo en brandissant le logo d’Al Qaida, réaffirmant au passage sa détermination inébranlable de continuer à combattre les infidèles ici en Mauritanie et partout ailleurs dans le monde.
Qualifiées « d’infidèles » dirigeant un peuple musulman, les autorités mauritaniennes prennent un véritable volet de bois verts dans la rhétorique de l’émir Semane.
Au-delà du cas ponctuel de ces jeunes détenus, il serait intéressant aujourd’hui de savoir l’impact que pourrait avoir ce débat sur les jeunes mauritaniens, cibles potentielles du discours islamiste extrémiste. En fait, cette préoccupation renvoie à l’efficacité de la nouvelle stratégie médiatique du pouvoir pour contenir la poussée terroriste.
Quelle incidence sur les dossiers pendants ?
Les détenus concernés par les pourparlers avec les autorités sont généralement accusés d’avoir commis de graves crimes de sang et d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’état.
Quelle sera l’incidence de leur rejet de la violence et du « repentir » dans le traitement judiciaire ultérieur des différentes affaires les impliquant. Sur ce point, le conseiller du président de la République chargé des affaires islamiques a dégagé la balle en touche « seul le dialogue concerne la commission. Le reste est entre les mains de la justice » a-t-il affirmé.
De quel degré d’indépendance jouit la justice ?
Il faut également noter que la négociation entre le gouvernement les Islamistes présumés terroristes comporte une dimension internationale avec les otages occidentaux enlevés sur notre territoire et actuellement détenus au Nord Mali. Est-ce qu’on ne va pas tenter d’exploiter une éventuelle libération de détenus islamistes en Mauritanie dans les négociations en faveur de la libération des otages occidentaux?
Les irréductibles qui ont de l’intérêt pour la nébuleuse terroriste internationale et dont elle exige la libération en contre partie de celle des otages espagnols, français et italiens détenus au Nord Mali, sont justement ceux là qui ont refusé l’idée de toute négociation avec les autorités de Nouakchott. Alors, comment organiser le « troc » humain ?
En plus, le fait que les partenaires du pouvoir de Nouakchott évitent soigneusement d’évoquer ces négociations met plus de flou et d’incertitude quant aux résultats réels de l’opération bien au-delà du discours convenu.
Cheikh Sidya
Source: Biladi
Beaucoup de questions demeurent posée : quelle sera la prochaine étape ? Est-ce que le succès de l’opération veut dire que les détenus islamistes vont-ils être élargis ? Est-ce que le pouvoir attend de se consulter avec ses partenaires étrangers ? Est-ce que les pourparlers pour la libération des européens par Al Qaeda vont retarder le passage à l’acte ultime de la libération … ?
Les pourparlers engagés le 18 janvier dernier entre un panel d’experts des sciences islamiques dont l’action est suscitée par le pouvoir et le groupe de détenus à la prison civile située tout prés du palais de justice de Nouakchott, sous les projecteurs des médias nationaux et internationaux, ont abouti à « d’excellents résultats » selon l’imam Mohamed Moctar Ould M’Balle.
Les islamistes radicaux détenus à la prison de Nouakchott ont "majoritairement signé leur renoncement à la violence" au terme d’un "dialogue" mené par des théologiens mandatés par le gouvernement, a affirmé jeudi un porte-parole de la commission chargée de ce dialogue.
Ainsi, sur un total de 68 prisonniers islamistes présumés terroristes, 90% ont rejeté « les méthodes violentes, notamment rapts et assassinats d’occidentaux en terre musulmane. Seulement individus ont refusé d’adhérer à cette démarche collective des jeunes en
détention ».
Le conseiller du président a assuré que les détenus avaient prononcé leur "repentir face aux erreurs" qu’ils ont reconnu avoir commises, en rapport avec les concepts religieux qui fondaient leurs actions.
Il a, par ailleurs, expliqué que trois détenus seulement avaient "refusé tout dialogue" avec la commission "pour des raisons diverses" et qu’un "petit nombre parmi les prisonniers avaient accepté le dialogue, étaient revenus sur des idées reçues mais n’avaient pas signé" leur repentir.
Le débat contradictoire et de fond, portant sur les fondements de base de la vision et de la doctrine islamique, entre la commission des Oulémas et les jeunes islamistes présumés terroristes s’est déroulé dans un large esprit d’ouverture, de démocratie et une atmosphère apaisée, a précisé le conseiller du Président et porte-parole des négociateurs. Chacun des participants a pu développer ses arguments en toute liberté, écoutant en retour les contre arguments et la réplique de l’autre partie.
Ce qui a permis d’arriver au « repenti » de la quasi-totalité des détenus à l’exception notable des quelques éléments dont l’imam Mohamed Moctar Ould M’Bballe s’est abstenu de divulguer l’identité.
Toutefois, les journalistes présents ont facilement compris que le rejet du dialogue avec les autorités est le fait d’un petit groupe d’irréductibles sous la conduite du célèbre émir jihadiste, Khadim Ould Seman.
Le jour de l’ouverture des négociations, ce dur à cuir avait donné le tempo en brandissant le logo d’Al Qaida, réaffirmant au passage sa détermination inébranlable de continuer à combattre les infidèles ici en Mauritanie et partout ailleurs dans le monde.
Qualifiées « d’infidèles » dirigeant un peuple musulman, les autorités mauritaniennes prennent un véritable volet de bois verts dans la rhétorique de l’émir Semane.
Au-delà du cas ponctuel de ces jeunes détenus, il serait intéressant aujourd’hui de savoir l’impact que pourrait avoir ce débat sur les jeunes mauritaniens, cibles potentielles du discours islamiste extrémiste. En fait, cette préoccupation renvoie à l’efficacité de la nouvelle stratégie médiatique du pouvoir pour contenir la poussée terroriste.
Quelle incidence sur les dossiers pendants ?
Les détenus concernés par les pourparlers avec les autorités sont généralement accusés d’avoir commis de graves crimes de sang et d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’état.
Quelle sera l’incidence de leur rejet de la violence et du « repentir » dans le traitement judiciaire ultérieur des différentes affaires les impliquant. Sur ce point, le conseiller du président de la République chargé des affaires islamiques a dégagé la balle en touche « seul le dialogue concerne la commission. Le reste est entre les mains de la justice » a-t-il affirmé.
De quel degré d’indépendance jouit la justice ?
Il faut également noter que la négociation entre le gouvernement les Islamistes présumés terroristes comporte une dimension internationale avec les otages occidentaux enlevés sur notre territoire et actuellement détenus au Nord Mali. Est-ce qu’on ne va pas tenter d’exploiter une éventuelle libération de détenus islamistes en Mauritanie dans les négociations en faveur de la libération des otages occidentaux?
Les irréductibles qui ont de l’intérêt pour la nébuleuse terroriste internationale et dont elle exige la libération en contre partie de celle des otages espagnols, français et italiens détenus au Nord Mali, sont justement ceux là qui ont refusé l’idée de toute négociation avec les autorités de Nouakchott. Alors, comment organiser le « troc » humain ?
En plus, le fait que les partenaires du pouvoir de Nouakchott évitent soigneusement d’évoquer ces négociations met plus de flou et d’incertitude quant aux résultats réels de l’opération bien au-delà du discours convenu.
Cheikh Sidya
Source: Biladi