Le Palais de justice de Nouakchott abrite depuis dimanche 31 janvier 2010 un procès d'une très grande ampleur. Il s'agit de l'affaire de la drogue qui avait dominé l'actualité nationale il y a de cela trois ans et qui revient aujourd'hui, avec un puzzle plus complet. En effet, l'extradition par le Sénégal des principaux suspects dans cette affaire, le Français Eric Walter Mika et le Mauritanien Kane Saïdou, devrait permettre à la justice de boucler l'un des plus épineux dossiers que le pays a connu, "l'Affaire Ould Soudany-Ould Taya".
La salle d'audience du Palais de justice de Nouakchott est prise d'assaut depuis dimanche dernier par une foule de parents, journalistes et avocats. Les services de sécurité sont déployés en grand nombre et l'accès à la salle est soumis à un contrôle minutieux. L'affaire de la drogue qui avait défrayé la chronique en 2007, et qui constitue pour le moment avec le dossier des Salafistes Djihadistes l'une des plus grosses affaires soumise à la justice mauritanienne, est en train de trouver son épilogue. Les principaux suspects, le Français d'origine africaine Eric Walter Mika et Kane Saïdou, extradés tous les deux du Sénégal et soumis depuis aux feux roulants des interrogatoires, constituent aux yeux de la justice la pièce manquante du puzzle.
Eric devant les juges
Face à la cour pénale du tribunal de Nouakchott, dans sa première session de ces jours, Eric Walter Mika, la quarantaine, semblait plein de confiance. La salle était pleine à craquer. Les parents des suspects mauritaniens se recueillaient dans un silence que ne venait rompre que les froissements des toges où la voix du président du tribunal. L'audience était transmise par hauts parleurs pour permettre à l'assistance de suivre le déroulement du procès, conformément aux procédures en matière pénale.
Aux accusations portées contre lui, notamment trafic de drogue de substance nocive et blanchiment d'argent, Eric nia tout en bloc. A la question de savoir s'il connaissait Mini Ould Soudany, un autre accusé dans le dossier, il répondit par la négative, soutenant ne connaître que Kane Saïdou. Pourtant, dans ses P.V d'audition, Minni, un autre prévenu, aurait soutenu être lié à Eric par un contrat portant sur l'écoulement de 200 kilogrammes de cocaïne qu'il devait transporter en Espagne. Eric signe et persiste, en affirmant n'avoir connu Soudany qu'au niveau du Commissariat de police. Seulement, il commettra une erreur qui n'échappa pas aux juges, car à la question du Président "est-ce que tu connais Minni ? ", il répondit sans hésiter "Minni Ould Soudany ? Je ne le connais pas ". Complétant inconsciemment le nom de Minni, il se verra criblé de questions sur cette relation.
Il faut dire que la comparution d'Eric Walter Mika devant le tribunal de la Cour pénale intervient après une garde-à-vue prolongée qui a abouti à une enquête qui a duré plusieurs mois, entre les investigations de la police et les auditions du juge d'instruction.
Ce dossier on se rappelle a éclaté en 2007 quand les services de la police spécialisés dans la lutte antidrogue sont parvenus, aux termes d'une enquête difficile et complexe, à épingler l'officier Sid'Ahmed Ould Taya, représentant d'Interpol à la Direction de la police judiciaire et de la sécurité publique. Ce dernier tombera sous la ligne de mire des limiers suite à une bagarre qui l'opposa à l'homme d'affaires Minni Ould Soudany, déjà impliqué dans le dossier de la drogue.
Les personnages
Quelques 30 personnes ont été concernées par ce dossier avant que la justice n'engagea des poursuites contre 26 d'entre elles, dont 8 sont aujourd'hui incarcérées à la prison de Dar Naïm. Tous ces suspects devraient être entendus durant la présente session de la Cour pénale.
Ce dossier a très tôt subi les tirs croisés de plusieurs avocats et défenseurs des droits de l'homme qui trouvaient maladroit l'amalgame fait entre l'affaire "Ould Soudany-Ould Taya " et celle du fameux bus capturé deux semaines plus tard. Selon les avocats, il s'agit de deux affaires différentes, qu'on ne saurait lier ni sur le plan sécuritaire ni sur le plan judiciaire. Cet amalgame aurait même rendu plus complexe la trame logique des enquêtes, selon les tenants de cette version, qui estiment qu'il fallait les traiter chacune à part. Les défenseurs de cette thèse soutiennent qu'il ne s'agit pas des mêmes suspects, et que les deux actions se sont déroulées dans deux lieux et deux époques différents et sur des montants totalement différents. Ils ajoutent que les quantités transportées par le bus arrêté par la police à l'époque, ne pouvaient appartenir qu'à un réseau parfaitement structuré, bien assis financièrement et bien implanté en Mauritanie, et que ce cas méritait une enquête distincte et approfondie. L'affaire du fameux bus avait permis aux services de sécurité de mettre la main sur des individus qui conduisaient à l'intérieur de la capitale la plus importante cargaison de drogue transportée dans un moyen de transport aussi réduit. Il s'agissait de 831 kilogrammes de cocaïne d'une valeur de 22 milliards d'UM !
Les accusés dans cette affaire encourent des sanctions pouvant aller jusqu'à la peine capitale ou des condamnations lourdes allant de 15 à 30 ans d'emprisonnement, au cas où leur culpabilité sera dûment prouvée. Une difficulté qui semble se dresser devant les services de sécurité qui peinent à réunir les preuves nécessaires à la condamnation de plus d'une dizaine de suspects, d'une façon non équivoque et convaincante, selon les avocats de la défense. Le Parquet sera obligé, au cas où les preuves feraient défaut, de se rabattre sur des recoupements, ce qui ouvre la voie déjà à beaucoup de questionnements.
De sources proches du Palais, le procès devrait se poursuivre pour plusieurs semaines encore.
Source: L'authentique
La salle d'audience du Palais de justice de Nouakchott est prise d'assaut depuis dimanche dernier par une foule de parents, journalistes et avocats. Les services de sécurité sont déployés en grand nombre et l'accès à la salle est soumis à un contrôle minutieux. L'affaire de la drogue qui avait défrayé la chronique en 2007, et qui constitue pour le moment avec le dossier des Salafistes Djihadistes l'une des plus grosses affaires soumise à la justice mauritanienne, est en train de trouver son épilogue. Les principaux suspects, le Français d'origine africaine Eric Walter Mika et Kane Saïdou, extradés tous les deux du Sénégal et soumis depuis aux feux roulants des interrogatoires, constituent aux yeux de la justice la pièce manquante du puzzle.
Eric devant les juges
Face à la cour pénale du tribunal de Nouakchott, dans sa première session de ces jours, Eric Walter Mika, la quarantaine, semblait plein de confiance. La salle était pleine à craquer. Les parents des suspects mauritaniens se recueillaient dans un silence que ne venait rompre que les froissements des toges où la voix du président du tribunal. L'audience était transmise par hauts parleurs pour permettre à l'assistance de suivre le déroulement du procès, conformément aux procédures en matière pénale.
Aux accusations portées contre lui, notamment trafic de drogue de substance nocive et blanchiment d'argent, Eric nia tout en bloc. A la question de savoir s'il connaissait Mini Ould Soudany, un autre accusé dans le dossier, il répondit par la négative, soutenant ne connaître que Kane Saïdou. Pourtant, dans ses P.V d'audition, Minni, un autre prévenu, aurait soutenu être lié à Eric par un contrat portant sur l'écoulement de 200 kilogrammes de cocaïne qu'il devait transporter en Espagne. Eric signe et persiste, en affirmant n'avoir connu Soudany qu'au niveau du Commissariat de police. Seulement, il commettra une erreur qui n'échappa pas aux juges, car à la question du Président "est-ce que tu connais Minni ? ", il répondit sans hésiter "Minni Ould Soudany ? Je ne le connais pas ". Complétant inconsciemment le nom de Minni, il se verra criblé de questions sur cette relation.
Il faut dire que la comparution d'Eric Walter Mika devant le tribunal de la Cour pénale intervient après une garde-à-vue prolongée qui a abouti à une enquête qui a duré plusieurs mois, entre les investigations de la police et les auditions du juge d'instruction.
Ce dossier on se rappelle a éclaté en 2007 quand les services de la police spécialisés dans la lutte antidrogue sont parvenus, aux termes d'une enquête difficile et complexe, à épingler l'officier Sid'Ahmed Ould Taya, représentant d'Interpol à la Direction de la police judiciaire et de la sécurité publique. Ce dernier tombera sous la ligne de mire des limiers suite à une bagarre qui l'opposa à l'homme d'affaires Minni Ould Soudany, déjà impliqué dans le dossier de la drogue.
Les personnages
Quelques 30 personnes ont été concernées par ce dossier avant que la justice n'engagea des poursuites contre 26 d'entre elles, dont 8 sont aujourd'hui incarcérées à la prison de Dar Naïm. Tous ces suspects devraient être entendus durant la présente session de la Cour pénale.
Ce dossier a très tôt subi les tirs croisés de plusieurs avocats et défenseurs des droits de l'homme qui trouvaient maladroit l'amalgame fait entre l'affaire "Ould Soudany-Ould Taya " et celle du fameux bus capturé deux semaines plus tard. Selon les avocats, il s'agit de deux affaires différentes, qu'on ne saurait lier ni sur le plan sécuritaire ni sur le plan judiciaire. Cet amalgame aurait même rendu plus complexe la trame logique des enquêtes, selon les tenants de cette version, qui estiment qu'il fallait les traiter chacune à part. Les défenseurs de cette thèse soutiennent qu'il ne s'agit pas des mêmes suspects, et que les deux actions se sont déroulées dans deux lieux et deux époques différents et sur des montants totalement différents. Ils ajoutent que les quantités transportées par le bus arrêté par la police à l'époque, ne pouvaient appartenir qu'à un réseau parfaitement structuré, bien assis financièrement et bien implanté en Mauritanie, et que ce cas méritait une enquête distincte et approfondie. L'affaire du fameux bus avait permis aux services de sécurité de mettre la main sur des individus qui conduisaient à l'intérieur de la capitale la plus importante cargaison de drogue transportée dans un moyen de transport aussi réduit. Il s'agissait de 831 kilogrammes de cocaïne d'une valeur de 22 milliards d'UM !
Les accusés dans cette affaire encourent des sanctions pouvant aller jusqu'à la peine capitale ou des condamnations lourdes allant de 15 à 30 ans d'emprisonnement, au cas où leur culpabilité sera dûment prouvée. Une difficulté qui semble se dresser devant les services de sécurité qui peinent à réunir les preuves nécessaires à la condamnation de plus d'une dizaine de suspects, d'une façon non équivoque et convaincante, selon les avocats de la défense. Le Parquet sera obligé, au cas où les preuves feraient défaut, de se rabattre sur des recoupements, ce qui ouvre la voie déjà à beaucoup de questionnements.
De sources proches du Palais, le procès devrait se poursuivre pour plusieurs semaines encore.
Source: L'authentique