Ely Ould Mohamed Vall, président de l'ex-CMJD, Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie, qui a piloté la transition de 2005-2007, intrigue tout le monde. Depuis sa participation manquée à l'élection présidentielle de juillet 2009, il a décidé de retrouver sa réserve légendaire. Ce fut peu après qu’il eut énergiquement protesté contre les résultats d'un scrutin qualifié par les principaux challengers du vainqueur Ould Abdel Aziz de " mascarade "
Aujourd'hui que tout semble être rentré dans l'ordre, on reparle à nouveau du " cas " Ely Ould Mohamed Vall. Certes, cet opposant " hors classe " n'est pas à mettre au même niveau que ceux qui, comme Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale, et Ahmed Ould Daddah, président du RFD, ont toujours mis des bâtons dans les roues du pouvoir, mais il pourrait bien refaire parler de lui de manière assourdissante ! Si le cours des événements lui donne raison.
Contrairement, à ce que pensent certains observateurs, la compétition entre l'ex-président du CMJD et l'actuel président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, n'a pas cessé avec la victoire du dernier et le score " humiliant " de 3% réalisé - ou donné - au premier.
Frères d'armes, devenus adversaires politiques de premier plan, les deux hommes pourraient bien se retrouver encore face-à-face en 2014. C'est, pourrait-on dire, une bataille de gagner pour Ould Abdel, mais non la fin de la partie. Ely Ould Mohamed Vall reste à l'affût et il pourrait bien profiter, largement, des erreurs du pouvoir actuel. En fin stratège, qui a régné sans partage, vingt ans durant, sur l'appareil sécuritaire du pays, il sait que la politique est comme l'art militaire : la victoire - ou l'échec - dépend de la préparation des troupes, non du commandement. Lui n'a pas eu suffisamment le temps de préparer la confrontation du 18 juillet dernier. Mais il sait que le président Mohamed Ould Abdel Aziz n'est pas à l'abri de cette " descente aux enfers " que d'autres ont connu avant lui, par le simple fait que son entourage politique est taillé dans le même moule que celui d'un certain Ould Taya ou d'un Ould Cheikh Abdallahi. Avec les méthodes, en plus. Des alliés de circonstances, ni plus ni moins.
Ely sait parfaitement cela tout comme il sait également que toute réforme ne prenant pas en compte les réalités socioéconomiques de la Mauritanie est vouée à l'échec. On se complaît aujourd'hui, pour le critiquer, à rappeler son désormais célèbre " ava Lahou an ma salef ", une façon de dire aux Mauritaniens " passons l'éponge ", ce qui a, au moins, le mérite de ne pas réveiller les vieux démons du passé. C'est moins dérangeant en quelque sorte que d'arrêter des hommes d'affaires, au nom de la lutte contre la gabegie, de les sermonner - et même de leur faire rembourser des milliards - avant de les libérer et de les recevoir, comme si de rien n'était ! Une sorte de politique de l'instinct qui ne peut pas aller loin.
Quoi qu'on dise, la gestion " élysienne " de la transition a au moins eu le mérite d'avoir évité les écueils. Même s'il y a eu beaucoup de saupoudrage, la participation de tous les Mauritaniens à ce que les détracteurs de l'homme appellent " cirque " les engagent tous. En bien et en mal. Qu'on nous dise maintenant que tout était le fait du Prince du moment, de l'ancien président du CMJD, ne lave pas les autres officiers supérieurs de tous soupçons. Chacun avait ses hommes politiques, son candidat et, c'est connu aujourd'hui, son propre agenda.
D'aucuns prêtent à Ely Ould Mohamed Vall d'avoir tout prévu pour réussir un retour triomphal à la ATT (du nom de l'actuel président malien, Amadou Toumani Touré), ce qui n'a rien de mal en soi. Mais Ould Abdel Aziz avait, lui aussi, sa propre vision des choses : Aider Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi à accéder à la Présidence, cogérer le pouvoir avec lui, se faire nommer général au passage et, pourquoi pas, devenir président à la place du président ! Quel mal, là aussi, à mettre en place un échafaudage politico-militaire en béton qui a prouvé son efficacité par la suite ?
La victoire du pragmatisme contre l'idéalisme
En fait, la victoire de Ould Abdel Aziz contre son aîné Ely Ould Mohamed Vall est celle du pragmatisme contre l'idéalisme. Mais l'échec de la politique réformiste du premier, dans les prochaines années, pourrait bien accorder au second sa revanche.
Et c'est ici qu'intervient le choix des hommes chargés d'appliquer, à la lettre, le programme du président Aziz. Comparativement à la période de la transition militaire 2005-2007, l'équipe mise en place par le " président des pauvres " manque cruellement de punch. Les deux pools du pouvoir (Cabinet du président et Premier ministère) manquent de visibilité. Et d'efficacité aussi. De sorte que le président se trouve exposé à tous les risques. Dont le moindre n'est nullement celui d'être responsable de tout et de rien ! Les prix montent, c'est la faute au président, les voleurs et les violeurs sévissent en toute impunité dans les quartiers périphériques de Nouakchott. Encore la faute à Ould Abdel Aziz. Les walis et hakems n'arrivent pas à se départir des anciennes pratiques. Le président est responsable. Oui, mais n'a-t-il pas nommé des ministres qui doivent veiller au grain ? Et que fait le PM pour que la machine tourne ?
Ce sont toutes ces petites choses, tous ces aspects non négligeables qui risquent d'entamer le large crédit dont jouit - jouissait ? - le président Mohamed Ould Abdel Aziz auprès des populations, bien avant même qu'il n'envisage d'être candidat. Les citoyens ont cette mauvaise habitude de vouloir tout et tout de suite. Le " président des pauvres " a promis des augmentations conséquentes des salaires. Les fonctionnaires et agents de l'Etat se mettent à imaginer des ristournes pas moins importantes que celles que le colonel Ely Ould Mohamed Vall avait avalisées en 2007. Et grande est leur surprise quand ils se retrouvent avec des miettes, au nom d'indemnités de logement et de transport. Une erreur d'appréciation imputable, en totalité, au Gouvernement qui n'a pas compris qu'en agissant de la sorte, il refait encore parler d'Ely Ould Mohamed Vall, "celui qui a accordé aux travailleurs une augmentation conséquente de 100%" ! Qui dit mieux, à défaut de faire plus ?
C'est dire qu'au rythme où vont les choses, le temps travaille en faveur d'Ely. L'arme fatale des prix est encore nettement aujourd'hui au désavantage du président Aziz. Son gouvernement qui dit avoir mis en place toute une politique de " sauvegarde " des intérêts des consommateurs, pour maintenir les prix dans des limites acceptables, est en train de se fourvoyer complètement. Une tonne de riz dont le prix augmente en quelques semaines de 30.000 ouguiyas ! C'est comme qui dirait quelqu'un qui creuse sa tombe avec ses propres mains. La pauvre ménagère qui paye le kilo de riz à 250 UM chez le boutiquier du coin croira, difficilement, au mythe du " président des pauvres ". La faute peut-être, là encore, au gouvernement qui a mal pensé sa politique des recettes fiscales ne prenant pas en compte la nécessité d'alléger les taxes sur les importations de riz, de blé et de sucre. On peut même émettre des doutes sur cette politique visant à générer des ressources à n'importe quel prix, et qui oublie que le volet social. Pour que l'Etat fonctionne, faut-il reprendre d'une main ce qu'on donne de l'autre aux pauvres ?
C'est cette double postulation dont l'ambiguïté n'échappe à personne qui favorise le retour en force des principaux opposants au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Et alors, face à l'usure de l'opposition traditionnelle, l'heure de l'ex-président Ely Ould Mohamed Vall aura peut-être sonné.
Source: L'authentique
Aujourd'hui que tout semble être rentré dans l'ordre, on reparle à nouveau du " cas " Ely Ould Mohamed Vall. Certes, cet opposant " hors classe " n'est pas à mettre au même niveau que ceux qui, comme Messaoud Ould Boulkheir, président de l'Assemblée nationale, et Ahmed Ould Daddah, président du RFD, ont toujours mis des bâtons dans les roues du pouvoir, mais il pourrait bien refaire parler de lui de manière assourdissante ! Si le cours des événements lui donne raison.
Contrairement, à ce que pensent certains observateurs, la compétition entre l'ex-président du CMJD et l'actuel président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, n'a pas cessé avec la victoire du dernier et le score " humiliant " de 3% réalisé - ou donné - au premier.
Frères d'armes, devenus adversaires politiques de premier plan, les deux hommes pourraient bien se retrouver encore face-à-face en 2014. C'est, pourrait-on dire, une bataille de gagner pour Ould Abdel, mais non la fin de la partie. Ely Ould Mohamed Vall reste à l'affût et il pourrait bien profiter, largement, des erreurs du pouvoir actuel. En fin stratège, qui a régné sans partage, vingt ans durant, sur l'appareil sécuritaire du pays, il sait que la politique est comme l'art militaire : la victoire - ou l'échec - dépend de la préparation des troupes, non du commandement. Lui n'a pas eu suffisamment le temps de préparer la confrontation du 18 juillet dernier. Mais il sait que le président Mohamed Ould Abdel Aziz n'est pas à l'abri de cette " descente aux enfers " que d'autres ont connu avant lui, par le simple fait que son entourage politique est taillé dans le même moule que celui d'un certain Ould Taya ou d'un Ould Cheikh Abdallahi. Avec les méthodes, en plus. Des alliés de circonstances, ni plus ni moins.
Ely sait parfaitement cela tout comme il sait également que toute réforme ne prenant pas en compte les réalités socioéconomiques de la Mauritanie est vouée à l'échec. On se complaît aujourd'hui, pour le critiquer, à rappeler son désormais célèbre " ava Lahou an ma salef ", une façon de dire aux Mauritaniens " passons l'éponge ", ce qui a, au moins, le mérite de ne pas réveiller les vieux démons du passé. C'est moins dérangeant en quelque sorte que d'arrêter des hommes d'affaires, au nom de la lutte contre la gabegie, de les sermonner - et même de leur faire rembourser des milliards - avant de les libérer et de les recevoir, comme si de rien n'était ! Une sorte de politique de l'instinct qui ne peut pas aller loin.
Quoi qu'on dise, la gestion " élysienne " de la transition a au moins eu le mérite d'avoir évité les écueils. Même s'il y a eu beaucoup de saupoudrage, la participation de tous les Mauritaniens à ce que les détracteurs de l'homme appellent " cirque " les engagent tous. En bien et en mal. Qu'on nous dise maintenant que tout était le fait du Prince du moment, de l'ancien président du CMJD, ne lave pas les autres officiers supérieurs de tous soupçons. Chacun avait ses hommes politiques, son candidat et, c'est connu aujourd'hui, son propre agenda.
D'aucuns prêtent à Ely Ould Mohamed Vall d'avoir tout prévu pour réussir un retour triomphal à la ATT (du nom de l'actuel président malien, Amadou Toumani Touré), ce qui n'a rien de mal en soi. Mais Ould Abdel Aziz avait, lui aussi, sa propre vision des choses : Aider Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi à accéder à la Présidence, cogérer le pouvoir avec lui, se faire nommer général au passage et, pourquoi pas, devenir président à la place du président ! Quel mal, là aussi, à mettre en place un échafaudage politico-militaire en béton qui a prouvé son efficacité par la suite ?
La victoire du pragmatisme contre l'idéalisme
En fait, la victoire de Ould Abdel Aziz contre son aîné Ely Ould Mohamed Vall est celle du pragmatisme contre l'idéalisme. Mais l'échec de la politique réformiste du premier, dans les prochaines années, pourrait bien accorder au second sa revanche.
Et c'est ici qu'intervient le choix des hommes chargés d'appliquer, à la lettre, le programme du président Aziz. Comparativement à la période de la transition militaire 2005-2007, l'équipe mise en place par le " président des pauvres " manque cruellement de punch. Les deux pools du pouvoir (Cabinet du président et Premier ministère) manquent de visibilité. Et d'efficacité aussi. De sorte que le président se trouve exposé à tous les risques. Dont le moindre n'est nullement celui d'être responsable de tout et de rien ! Les prix montent, c'est la faute au président, les voleurs et les violeurs sévissent en toute impunité dans les quartiers périphériques de Nouakchott. Encore la faute à Ould Abdel Aziz. Les walis et hakems n'arrivent pas à se départir des anciennes pratiques. Le président est responsable. Oui, mais n'a-t-il pas nommé des ministres qui doivent veiller au grain ? Et que fait le PM pour que la machine tourne ?
Ce sont toutes ces petites choses, tous ces aspects non négligeables qui risquent d'entamer le large crédit dont jouit - jouissait ? - le président Mohamed Ould Abdel Aziz auprès des populations, bien avant même qu'il n'envisage d'être candidat. Les citoyens ont cette mauvaise habitude de vouloir tout et tout de suite. Le " président des pauvres " a promis des augmentations conséquentes des salaires. Les fonctionnaires et agents de l'Etat se mettent à imaginer des ristournes pas moins importantes que celles que le colonel Ely Ould Mohamed Vall avait avalisées en 2007. Et grande est leur surprise quand ils se retrouvent avec des miettes, au nom d'indemnités de logement et de transport. Une erreur d'appréciation imputable, en totalité, au Gouvernement qui n'a pas compris qu'en agissant de la sorte, il refait encore parler d'Ely Ould Mohamed Vall, "celui qui a accordé aux travailleurs une augmentation conséquente de 100%" ! Qui dit mieux, à défaut de faire plus ?
C'est dire qu'au rythme où vont les choses, le temps travaille en faveur d'Ely. L'arme fatale des prix est encore nettement aujourd'hui au désavantage du président Aziz. Son gouvernement qui dit avoir mis en place toute une politique de " sauvegarde " des intérêts des consommateurs, pour maintenir les prix dans des limites acceptables, est en train de se fourvoyer complètement. Une tonne de riz dont le prix augmente en quelques semaines de 30.000 ouguiyas ! C'est comme qui dirait quelqu'un qui creuse sa tombe avec ses propres mains. La pauvre ménagère qui paye le kilo de riz à 250 UM chez le boutiquier du coin croira, difficilement, au mythe du " président des pauvres ". La faute peut-être, là encore, au gouvernement qui a mal pensé sa politique des recettes fiscales ne prenant pas en compte la nécessité d'alléger les taxes sur les importations de riz, de blé et de sucre. On peut même émettre des doutes sur cette politique visant à générer des ressources à n'importe quel prix, et qui oublie que le volet social. Pour que l'Etat fonctionne, faut-il reprendre d'une main ce qu'on donne de l'autre aux pauvres ?
C'est cette double postulation dont l'ambiguïté n'échappe à personne qui favorise le retour en force des principaux opposants au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Et alors, face à l'usure de l'opposition traditionnelle, l'heure de l'ex-président Ely Ould Mohamed Vall aura peut-être sonné.
Source: L'authentique