Ouverture des medias public : Après la TVM, Radio Mauritanie échoue



Ouverture des medias public : Après la TVM, Radio Mauritanie échoue
Après l’échec de la TVM à organiser un débat entre les différents acteurs politiques, Radio Mauritanie à son tour essuie une fin de non recevoir de la part de la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD).


La COD avait reçu le lundi une invitation de Radio Mauritanie pour participer à un débat radiodiffusé et qui aurait eu pour sujet, « Rôle des partis dans l’ancrage de la culture démocratique.» La Radio nationale entendait faire participer au débat face aux opposants, des représentants de la majorité.
Il semble que la COD, dans un premier temps, ait accepté le principe de participer à l’émission. Elle aurait même pour ce faire désigné ses représentants les députés Moustapha Ould Bedredine (UFP) et Abderrahmane Ould Mini (RFD) chargé de donner la réplique aux soutiens de Aziz.
Seulement, selon la COD, au moment de discuter des modalités pratiques de l’émission, « il s’est avéré que le format prévu par Radio Mauritanie ne garantissait pas l’équité entre les débatteurs. » en conséquence et selon un communiqué de la COD : « après avoir longuement tenté, en vain, d’aboutir avec la Radio à une modification de ce format afin de garantir le droit des deux parties impliquées dans l’émission, la COD a décidé de ne pas y participer. »Il semble que le désaccord entre les deux parties se situe au niveau du sujet abordé mais aussi sur l’intervention des auditeurs au téléphone.
Le directeur général de Radio Mauritanie, Mohamedou Salem Ould Bouké, qui après avoir échoué à organiser un débat contradictoire à la TVM qu’il dirigeait avant d’atterrir à la radio, se retrouve obligé d’animer l’antenne avec les point de vue d’un seul coté.
La pluralité dans les medias ne s’improvise pas. Tant que les medias publics n’auront pas mené une profonde réflexion pour redéfinir leur rôle et leur mission dans une société démocratique, l’objectif d’ouverture risque de demeurer un vœu pieux.
La première tentative à la TVM était venue suite à des instructions qu’aurait donné le 10 décembre dernier, le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz qui en plein conseil des ministres : «a instruit le gouvernement mauritanien à favoriser la liberté d’expression et l’émergence d’une culture démocratique, en particulier, à travers l’ouverture des médias publics aux débats contradictoires…»
Malgré ce quasi ordre, la TVM (télévision de Mauritanie) n’est pas parvenue à réunir sur un même plateau majorité et opposition.
A la décharge de cet organe, tout l’appareil de Communication est encore largement sclérosé et a acquis aux réflexes sous les pouvoirs d’exception, dont il n’est pas facile de se départir.

Le fait du prince
Mais comme nous l’avons écrit il y a quelques semaines : le fond du problème, c’est que la pluralité des medias publics ne peut être «le fait du prince.» Elle ne peut être laissée à la discrétion du président de la République. Seule l’adoption et la promulgation de la loi portant libéralisation des ondes rendra effective le pluralisme à la télé et à la Radio et obligera les medias publics à s’adapter car désormais le monopole aura disparu. Il est inconcevable que notre pays reste le seul pays de la sous région dont les ondes sont encore du domaine de l’Etat. Les radios libres et les chaîne de télé privées ont fleuri dans les états voisins alors que chez nous, nous continuons à vivre à l’avant mûr de Berlin. C’est un anachronisme de voir encore des medias qui engloutissent des milliards des faibles ressources nationales pour une mission qu’ils remplissent fort mal. Avec 2 milliards de subvention annuelle pour la TVM près d’un milliard pour la Radio, 600 millions pour l’AMI et 300 millions pour l’Imprimerie Nationale notre pays vit encore avec des structures archaïques. Tout le secteur devrait être repensé à la lumière des bouleversements non négligeables que connaît notre société. Quelle opportunité y a-t-il à avoir un département ministériel en charge de la communication alors que l’on sait que les organes publics ont de tout temps de relations plutôt avec la présidence ou la primature ? N’est il pas absolument stupide pour un Etat qui se veut moderne de continuer à avoir son propre journal alors que des dizaines de privés s’acquittent de cette mission avec autrement plus d’efficacité et à moindre frais ?

Pas de clause de conscience
Les journalistes du secteur public sont ils avant tout des journalistes ou des fonctionnaires ? Pourquoi ne peuvent-ils pas à l’instar de leur collègue du monde entier invoquer la Clause de Conscience ? Et enfin, quel rôle voulons- nous assigner aux medias publics dans la démocratie pluraliste que nous nous évertuons à construire ? Quelle presse pour la Mauritanie après cinquante ans d’indépendance ?

Bouna Cherif



Jeudi 28 Janvier 2010
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