Les représentants des populations de Feralla ont tenu ce matin une conférence de presse au siège du FONADH pour édifier l’opinion publique sur le processus d’expropriation de leur terroir.
Le porte parole des habitants Chérif Bâ a d’emblée campé le décor pour expliquer « Le point de départ de cette nouvelle poussée de fièvre sur les terres de la vallée ». Tout dit-il est parti de la crise politique et sécuritaire des années 1989-1991 « la période probablement la plus sombre de l’histoire de notre pays, au vu de l’ampleur des violations des droits de l’homme commises à l’encontre des populations de la vallée par le pouvoir d’Etat (exécutions extrajudiciaires, déportations massives, purges à grande échelle dans la fonction publique et l’appareil sécuritaire, expropriation des terres de culture et de bétail, humiliations de toutes sortes…) »
Eviter coûte que coûte une réédition des événements de 1989
Ce tableau apocalyptique dressé par Mr Bâ continue à hanter les populations de la vallée, 30 ans plus tard avec la persistance des problèmes du passif humanitaire, de l’enrôlement et l’accaparement des terres, des problèmes qui provoquent les crispations et les replis identitaires.
C’est ainsi souligne-t-il que : « le département de MBagne (Brakna) est aujourd’hui rattrapé par les stigmates de ces années sombres qui virent le pouvoir d’alors exproprier de paisibles paysans qui detenaient depuis l’aube des temps des terres de cultures héritées de leurs ancêtres. »
Aujourd’hui comme hier, ce sont ces terres appartenant aux populations Hébbiyabé et Yirlaabé situées dans la cuvette de Koylal qui sont dans la ligne de mire du pouvoir qui veut les octroyer aux voisins haratines des hameaux de Mbeydiya et Bouchama où se trouvent d’ailleurs les zones de culture de ces Haratines.
Ainsi selon le Porte Parole des populations l’Etat a concocté le plan d’expropriation et : « dissimuler la manœuvre, l’opération fut structurée autour de la création expresse d’une coopérative-colonie dénommée Ibn Khaldoun, la délivrance d’un agrément par l’Etat, et l’aménagement de plusieurs hectares pour le compte des dits Mussafrin (expatriés). »
Et pourtant ces haratines soi disant expatriés du Sénégal en 1989 et qui avaient occupés ces terres de Feralla sous mandat de l’Etat n’avaient occupé les lieux que pendant deux ans.
Mais près de trente ans après les voilà qui refont surface après avoir eu vent du lancement il y a deux ans du projet d’aménagement PARIIS financé par la Banque Mondiale. Et avec le lancement des travaux les populations qui n’ont pas été associées au projet ont vu les buldozers détruire leurs champs en rasant toute la production qui était prête pour la moisson. Depuis le 22 janvier, un mot d’ordre de mobilisation des populations a été lancé pour la récupération des terres spoliées depuis 1989, avec le sit-in organisé à la même date sur les terres de la cuvette de Koylal.
« Le pouvoir tente de créer un conflit entre populations locales et Haratines »
Depuis les dernières manifestations des populations et le passage sur les lieux le 10 mars dernier d’une mission d’experts de la Banque Mondiale, les travaux d’aménagement du projet sont suspendus mais les engins sont toujours sur les lieux.
Les autorités semblent vouloir cautionner l’injustice. En effet toutes les rencontres avec les représentants des populations n’ont pas porté des fruits.
Le blocage est apparu dès la première réunion avec le Hakem le 18 novembre 2019. La réunion s’était soldée par un échec. En effet le Hakem avait laissé entendre que les populations n’auront pas gain de cause. Il a dit à leurs représentants qu’ils iront seuls au front sans les politiciens du département. Et effectivement en dehors du Maire de Niabina Mr Alioune Sarr, aucun politicien appartenant à la zone n’a manifesté son soutien.
Le 3 février dernier, le ministère de l’intérieur a envoyé une délégation à Feralla dirigée par le géographe Wane Birane et proche du ministre. Là non plus aucun résultat tangible à cette réunion à laquelle a pris part le wali du Brakna et le Coordinateur du projet PARIIS.
Pour les représentants des populations il n’y a aucun doute, le pouvoir tente de créer un conflit entre populations locales et Haratines. Selon Mr Bâ : « Nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins Haratines. C’est l’Etat qui veut nous opposer à eux ».
Et à en croire Mr Bâ, ces Haratines sont armés jusqu’aux dents par les autorités et ils disposent d’armes de pointe. Le 8 mars dernier ils ont fait une descente sur les lieux à bord de 7 charrettes bondés de monde et certains marchaient à pied. Ils étaient armés sous les yeux des autorités.
Mr Sidi, un représentant des paysans haratines de Dar El Barka a abondé dans le même sens : « La solution au problème est entre les mains de l’Etat. L’Etat veut qu’on s’affronte. Nous n’avons que la terre pour vivre et pour nous la prendre il faut savoir comment s’y prendre. L’Etat ne nous donne rien. Et si il ne même pas vous demander votre avis sur ce qui vous appartient, il ne faut rien attendre de lui. »
Il convient de souligner que le projet PARIIS profitera à 160 familles parachutées de l’extérieur.
Notons que cette conférence de presse s’est tenue en présence des représentants des partis politiques, de la société civile ainsi que des députés de l’Assemblée nationale.
Bakari Guèye
Source : Whatsapp
Le porte parole des habitants Chérif Bâ a d’emblée campé le décor pour expliquer « Le point de départ de cette nouvelle poussée de fièvre sur les terres de la vallée ». Tout dit-il est parti de la crise politique et sécuritaire des années 1989-1991 « la période probablement la plus sombre de l’histoire de notre pays, au vu de l’ampleur des violations des droits de l’homme commises à l’encontre des populations de la vallée par le pouvoir d’Etat (exécutions extrajudiciaires, déportations massives, purges à grande échelle dans la fonction publique et l’appareil sécuritaire, expropriation des terres de culture et de bétail, humiliations de toutes sortes…) »
Eviter coûte que coûte une réédition des événements de 1989
Ce tableau apocalyptique dressé par Mr Bâ continue à hanter les populations de la vallée, 30 ans plus tard avec la persistance des problèmes du passif humanitaire, de l’enrôlement et l’accaparement des terres, des problèmes qui provoquent les crispations et les replis identitaires.
C’est ainsi souligne-t-il que : « le département de MBagne (Brakna) est aujourd’hui rattrapé par les stigmates de ces années sombres qui virent le pouvoir d’alors exproprier de paisibles paysans qui detenaient depuis l’aube des temps des terres de cultures héritées de leurs ancêtres. »
Aujourd’hui comme hier, ce sont ces terres appartenant aux populations Hébbiyabé et Yirlaabé situées dans la cuvette de Koylal qui sont dans la ligne de mire du pouvoir qui veut les octroyer aux voisins haratines des hameaux de Mbeydiya et Bouchama où se trouvent d’ailleurs les zones de culture de ces Haratines.
Ainsi selon le Porte Parole des populations l’Etat a concocté le plan d’expropriation et : « dissimuler la manœuvre, l’opération fut structurée autour de la création expresse d’une coopérative-colonie dénommée Ibn Khaldoun, la délivrance d’un agrément par l’Etat, et l’aménagement de plusieurs hectares pour le compte des dits Mussafrin (expatriés). »
Et pourtant ces haratines soi disant expatriés du Sénégal en 1989 et qui avaient occupés ces terres de Feralla sous mandat de l’Etat n’avaient occupé les lieux que pendant deux ans.
Mais près de trente ans après les voilà qui refont surface après avoir eu vent du lancement il y a deux ans du projet d’aménagement PARIIS financé par la Banque Mondiale. Et avec le lancement des travaux les populations qui n’ont pas été associées au projet ont vu les buldozers détruire leurs champs en rasant toute la production qui était prête pour la moisson. Depuis le 22 janvier, un mot d’ordre de mobilisation des populations a été lancé pour la récupération des terres spoliées depuis 1989, avec le sit-in organisé à la même date sur les terres de la cuvette de Koylal.
« Le pouvoir tente de créer un conflit entre populations locales et Haratines »
Depuis les dernières manifestations des populations et le passage sur les lieux le 10 mars dernier d’une mission d’experts de la Banque Mondiale, les travaux d’aménagement du projet sont suspendus mais les engins sont toujours sur les lieux.
Les autorités semblent vouloir cautionner l’injustice. En effet toutes les rencontres avec les représentants des populations n’ont pas porté des fruits.
Le blocage est apparu dès la première réunion avec le Hakem le 18 novembre 2019. La réunion s’était soldée par un échec. En effet le Hakem avait laissé entendre que les populations n’auront pas gain de cause. Il a dit à leurs représentants qu’ils iront seuls au front sans les politiciens du département. Et effectivement en dehors du Maire de Niabina Mr Alioune Sarr, aucun politicien appartenant à la zone n’a manifesté son soutien.
Le 3 février dernier, le ministère de l’intérieur a envoyé une délégation à Feralla dirigée par le géographe Wane Birane et proche du ministre. Là non plus aucun résultat tangible à cette réunion à laquelle a pris part le wali du Brakna et le Coordinateur du projet PARIIS.
Pour les représentants des populations il n’y a aucun doute, le pouvoir tente de créer un conflit entre populations locales et Haratines. Selon Mr Bâ : « Nous n’avons pas de problèmes avec nos voisins Haratines. C’est l’Etat qui veut nous opposer à eux ».
Et à en croire Mr Bâ, ces Haratines sont armés jusqu’aux dents par les autorités et ils disposent d’armes de pointe. Le 8 mars dernier ils ont fait une descente sur les lieux à bord de 7 charrettes bondés de monde et certains marchaient à pied. Ils étaient armés sous les yeux des autorités.
Mr Sidi, un représentant des paysans haratines de Dar El Barka a abondé dans le même sens : « La solution au problème est entre les mains de l’Etat. L’Etat veut qu’on s’affronte. Nous n’avons que la terre pour vivre et pour nous la prendre il faut savoir comment s’y prendre. L’Etat ne nous donne rien. Et si il ne même pas vous demander votre avis sur ce qui vous appartient, il ne faut rien attendre de lui. »
Il convient de souligner que le projet PARIIS profitera à 160 familles parachutées de l’extérieur.
Notons que cette conférence de presse s’est tenue en présence des représentants des partis politiques, de la société civile ainsi que des députés de l’Assemblée nationale.
Bakari Guèye
Source : Whatsapp